Propos recueillis par Luc LANGERON.

Liliane Matéo, vous êtes adjointe au Directeur du développement de la formation des sapeurs-pompiers au CNFPT et en charge du développement des compétences des SP, aujourd’hui quel est l’enjeu pour vous après la tenue du séminaire ?

LM : ce qui est important aujourd’hui, et d’ailleurs c’est un défi, c’est de créer un réseau national harmonisé de concepteurs de formations pour déployer la réforme sur l’ensemble du territoire.

LL : avec le cadre de l’approche par les compétence (APC) ?

LM : on est bien au-delà de l’APC, la réforme intègre toute une partie sur la posture du formateur et l’approche par les compétences. On a dépassé les textes et tous les travaux qui ont été faits, on a dépassé cette simple approche.

LL : cette nouvelle logique de la formation repose sur quoi ?

LM : Dans la filière service incendie secours, les temps de formation sont très longs de façon générale. L’idée, c’est de réfléchir à des avancées progressives et individualisées dans la carrière et d’adapter les durées de formation à chacun. Au-delà de ça, c’est aussi de renforcer l’appétence pour la formation en se rapprochant de la situation de travail, en évitant les fossés entre la formation d’un côté et l’intervention de l’autre. En se formant, on apprend, on apprend  aussi en travaillant.

LL : Au catalogue CNFPT, cela va très vite se disséminer ou c’est déjà fait ?

LM : ça y est, c’est codé dans l’offre. Il nous manque les ressources humaines et donc on a souhaité rassembler une soixantaine de personnes qui étaient déjà dans les starting blocks pour créer ce réseau et sur lequel les délégations vont s’appuyer pour développer sur les territoires une formation qu’on souhaite la plus harmonisée possible.

 

Capitaine Claude VIDAL, Chargé de mission pour la prospective et le développement du volontariat au SDIS 64 et administrateur en charge de la formation pour la FNSP.

LL : La Fédé est engagée dans la démarche, pourquoi ?

CV : la FNSP s’est engagée dans la démarche dès le départ, parce que c’est une volonté politique, que de passer de la formation, (comme c’était autrefois) uniquement par l’apport de connaissances, aux compétences, à l’APC, notamment pour la reconnaissance du volontariat, en particulier parce que c’est une très forte demande, autant de nos sapeurs-pompiers volontaires que de leur employeur, autant public que privé.

LL : donc les attentes sont déjà fortes pour vous, mais votre l’objectif, à moyen terme, repose sur quelle priorité ?

CV : l’objectif, c’est de déployer le plus vite possible le dispositif, par rapport à l’ensemble des sapeurs-pompiers de France, il faudra voir de quelle manière on va pouvoir organiser l’ensemble de ce déploiement, mais en tout cas, l’objectif est là et la volonté aussi.

LL : avez-vous en tête un cas concret, qui améliorerait pour beaucoup les choses ?

CV : il est clair qu’il faut coller à la réalité. Ce que nous attendons, d’ailleurs depuis la réforme de 2013, c’est que nos SPV en fonction de leur affectation sur l’ensemble du territoire, qu’il soit métropolitain ou ultramarin, et en fonction de leur affectation dans leur centre de secours et de la couverture des risques avec les moyens qui sont mis à disposition, c’est qu’ils aient les compétences nécessaires pour répondre à la sollicitation. C’est notre attente.

Pourquoi former les SPV – comme c’était le cas jusqu’à présent à monter et descendre d’une échelle  de 22 mètres pendant 4h de temps alors que certes, quand y’aura besoin, elle viendra sur son territoire mais c’’est pas lui qui va la manipuler, ce n’est pas lui qui va monter.

Autant que lui soit formé avec l’engin qui sera mis à sa disposition, que ce soit pour faire du secours à la personne, du secours incendie, voilà l’enjeu pour nous.

Ensuite, ce qu’on attend aussi, c’est la reconnaissance de nos compétences claires et précises : il a fallu du temps, à ce qu’il y ait clairement un référentiel de compétences qui nous identifie et de faire en sorte que les sapeurs-pompiers soient véritablement reconnus au travers de ces compétences, au même titre que d’autres acteurs de la sécurité civile.

LL : Cette reconnaissance devrait s’irriguer sur tous les territoires ?

CV : Oui il faut que dans nos territoires, au plus profond de nos territoires, lorsqu’un citoyen fait le 18, lorsqu’il attend un gros camion rouge arriver, il faut que le personnel qui arrive dans le camion soit compétent pour pouvoir intervenir. Avec les moyens qu’on lui met à disposition, par rapport au risque à couvrir.

 

Commandant Benoît ROSSOW, Division Ingénierie Pédagogique de la direction des études de l’ENSOSP.

LL : On imagine que l’ENSOSP quant à elle fut très tôt engagée dans la démarche ? et dans cette réforme de la formation ?

BR : absolument, c’est important pour l’école nationale qui s’est engagée depuis plusieurs années dans la rénovation pédagogique centrée sur l’approche par les compétences. Et donc naturellement un certain nombre de cadres de l’école ont développé des compétences dans ce domaine et participé au séminaire national pour déployer cette approche partout sur nos territoires.

LL : c’est votre objectif assumé de développer l’offre de formations avec l’APC ?

BR : Oui, absolument, l’ensemble des formations seront, à terme, rénovées, dans cet esprit-là.

Depuis 2 ans, nous avons concentré nos efforts plus particulièrement sur les formations de Lieutenant et de Capitaine et tout doucement, les autres parcours de formation au fur et à mesure de l’évolution des référentiels de compétences, prennent ce chemin.

LL : il est question d’un réseau qui va se constituer à l’issue du séminaire, vous en serez ?

BR : Oui  c’est extrêmement nécessaire pour notre corporation de bénéficier d’un réseau à travers lequel on pourra échanger nos pratiques, partager nos représentations et les outils qu’on utilise ci et là et l’école, dans ce cadre-là, est partie prenante, puisque ça fait partie de ses missions régaliennes d’animation du réseau des écoles de France.

LL : Dans ce cadre les collaborations avec l’ECASC devraient, encore une fois s’approfondir ?

BR : la collaboration existe déjà depuis de très nombreuses années et je travaille pour ma part, avec le Commandant Dubois sur l’approche par les compétences, puisque nos manières de fonctionner dans la formation de nos équipes pédagogiques est la même, dans des environnements parfois différents mais globalement, ça repose sur les mêmes concepts et les mêmes méthodes. Et l’école nationale et l’ECASC sont engagés dans une démarche qui vise à rassembler les énergies au profit de la sécurité civile dans son ensemble.

LL : Donc une démarche partagée dans tous les sens du terme aujourd’hui avec les acteurs et avec Valabre.

BR : absolument.